Pourquoi le Pincerais, ici et maintenant ?
Les arbres, principaux constituants de la forêt tiennent leur vulnérabilité de la nature elle-même, du fait de la
météorologie, des champignons, des insectes et des animaux. Mais, la forêt quant à elle, son meilleur ennemi est
bien souvent l’homme depuis qu’il a inventé le feu et la hache alors qu’il se veut aussi son contemplateur et son
ami. Mon propos consiste à évoquer ces actions destructrices à un moment et bénéfiques à un autre sur l’exemple
des forêts du Pincerais.
Vous êtes en droit de vous poser plusieurs questions par rapport à cet intitulé de
« forêts du Pincerais », et aussi de vous demander pourquoi nous sommes ici et
maintenant. La réponse à la seconde question se trouve dans l’énoncé d’une date : le 13
août 1669 le roi Louis XIV signait à Saint-Germain-en-Laye : » l’Ordonnance sur le fait
des Eaux et Forêts » cela fait exactement 350 ans. Cette administration avait pris cette
dénomination en 1219, il y a 800 ans mais à… Gisors. En fait il s’agit d’une réformation
voulue par Colbert pour rationaliser l’exploitation des forêts royales au bénéfice de la
Marine Royale. C’est pour commémorer cet évènement en ce lieu que l’association des
Amis de la forêt de Saint-Germain et de Marly, a souhaité que le colloque ait lieu ici.
Pourquoi alors évoquer les forêts du Pincerais ? Ceci est absolument nécessaire quand
on veut retracer le passé de nos deux forêts sur une longue période. Rassurez-vous, je
ne vais pas faire l’histoire des forêts de Saint-Germain et de Marly. Si vous voulez approfondir cette connaissance
je vous conseille les travaux de M. Roger Berton, qui était un éminent représentant des Eaux et Forêts dans les
années 1950. De nos jours M. Jacques Barrot à Maisons-Laffitte et Mme Hélène Solignac, ici présente, de SaintGermain-en-Laye de l’Université Libre et enseignante à Notre-Dame ont pris le relais. Enfin, Mme Bernadette
Dieudonné qui, dans le cadre du Cercle Historique de Poissy, a consacré deux articles à l’histoire de la forêt de
Saint-Germain. Je vais me cantonner à vous montrer à travers quelques éléments très schématiques la
dégradation du massif forestier à travers le temps malgré quelques sursauts.
Dans les temps très anciens, celui de la guerre des Gaules nous étions au pays des Carnutes qui étaient
célèbres en tant qu’hommes des forêts. Leur territoire venait jusqu’à la Seine. Ce manteau forestier avec la
conquête romaine commence alors à être entamé par les villas romaines et la constitution de leurs domaines
agricoles. La riche plaine de la Beauce laisse subsister en son nord une région de bois et de rus : la forêt d’Yveline.
Ces mêmes romains découpent administrativement leur conquête, le Pagus ici prend l’appellation de Pinciacum,
c’est-à-dire le pays de Poissy du nom de la plus ancienne cité située au bord de la Seine. Ce pays est limité au sud
par la plaine de Versailles tout en étant subdivisé par la présence de Rus, tel le ru de Gali au sud de la forêt dite
alors de Cruye qui va devenir sous Louis XIV la forêt de Marly, elle-même séparée de la forêt dite de Laye qui
deviendra la forêt de Saint-Germain par le ru de Buzot.